« C’est en 1963 que mon père reconvertit entièrement le vignoble familial à l’Agriculture biologique, renonçant alors à la course à la productivité et à l’utilisation de produits chimiques de synthèse dans les vignes. Cette orientation, très avant-gardiste pour l’époque, lui fut inspirée par une méthode d’agriculture biologique initiée par Raoul Lemaire. Mon père avait en effet la certitude que le mode de production intensif et ses pratiques polluantes allaient dégrader l’expression de nos terroirs, et auraient de graves conséquences, tels : la disparition progressive de certaines espèces animales et végétales, et la pression des ravageurs causée par le déséquilibre des écosystèmes.
J’ai donc été sensibilisé très tôt au mode de production bio, et met un point d’honneur à faire perdurer les engagements pris par mes parents depuis plus de 50 ans.
Au-delà d’un mode d’agriculture, c’est une véritable philosophie de vie qui règne chez nous. Je suis et serais toujours un adepte du vieil adage de Ralph Waldo Emerson qui dit « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous la léguons à nos descendants ».
Je n’ai pas pris part à cette course à la productivité et je continue à privilégier une production certes plus modeste, mais dont la qualité doit être toujours au rendez-vous.
Patrick Boudon
1963-1985
C’est un mode cultural spécifique, étudié, conçu et mis au point par les professeurs Raoul Lemaire et Jean Boucher pour la réalisation d’une agriculture n’utilisant ni engrais ni produits chimiques de synthèse. Ce type d’agriculture, appelée agriculture biologique, férocement attaquée à ses débuts par les tenants officiels de l’Agriculture est finalement reconnue en 1981.
1979-1988
Cette certification, basée sur le cahier des charges de Nature & Progrès, fait l’objet d’un contrôle annuel. En 1987, 283 propriétés agricoles en bénéficient. La Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) est créée en 1978 par des agriculteurs biologiques, pour porter une voix spécifique à la profession et devenir l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics lors des négociations. Il défend l’ensemble des agrobiologistes du territoire, indépendamment de leur appartenance à une marque (au nombre de 16 à cette époque). C’est à cette période que le label AB apparaît sur nos étiquettes.
1991
Aujourd’hui renommée Agrobio Gironde, c’est la première association militante du département. Elle a pour objectif de pérenniser et de développer l’Agriculture Biologique sur le territoire départemental.
1995
La communauté européenne reconnaît en 1991 l’agriculture biologique. En 1992, Ecocert devient l’un des organismes certificateurs officiels en agriculture biologique.
1995
Aujourd’hui Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine, cette association assure la représentation et la défense des intérêts des vignerons auprès des institutions régionales, nationales et européennes. Elle a également pour mission de structurer la filière des vins bio en amont comme en aval (études statistiques, diffusion d’informations, formation des vignerons et appui à la vinification). Elle assure aussi un rôle de promoteur auprès des professionnels et des particuliers en organisant divers événements nationaux et européens.
1997
À partir de 1992, le CIVAM met en place une dégustation des vins bio en invitant les professionnels et la presse, pour mettre en avant la qualité des vins biologiques et en finir avec l’adage « c’est bio mais c’est pas bon ».
En 1997, cette dégustation devient Expression des Vignerons Bio, un concours formel déposé à la DGCCRF. Ce concours, désormais organisé par le VBNA, prendra chaque année une place plus importante auprès des acheteurs par la qualité de son organisation et la crédibilité des résultats obtenus.
2002
Son mandat durera 3 ans et sera renouvelé 10 ans plus tard.
2004
Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine et ses équivalents dans les autres régions (sous l’égide de la FNIVAB, aujourd’hui France Vin Bio) établissent une charte œnologie pour que la vinification respecte aussi les principes de l’agriculture biologique. Présentée au Ministère de l’Agriculture, elle devient officielle seulement en 2012 lorsqu’elle est reconnue par le ministère et l’Europe.
2013
Une date importante pour notre Vignoble. Grâce à la direction donnée par mon père et à notre conviction familiale nous prouvons aujourd’hui qu’un vignoble peut largement produire sans avoir recours aux intrants issus de la chimie de synthèse. En 50 ans, nous avons observé une grande diversité climatique. Quelques rares années plutôt faciles où le raisin arrive au pressoir naturellement sans trop d’interventions, mais aussi des années bien plus compliquées où la météo favorise avant tout les champignons et en particulier le mildiou. Chaque fois, nous avons trouvé une parade. La bouillie bordelaise et du soufre ont été et sont encore à ce jour les produits « natifs » majeurs que nous utilisons. L’observation permanente et l’amélioration des techniques d’application sont des pratiques qui nous ont aidées à réduire les doses de ces deux intrants. Ces actions conjuguées nous ont toujours permis de récolter. Au final, aucune année blanche n’a été engendrée par la maladie ou les ravageurs, si ce n’est le gel ou la grêle !
2015
Notre recherche s’est aussi orientée vers la production et la vinification d’un vin contenant moins de sulfites ou carrément sans aucun sulfite ajouté. Produire de tels vins sans défaut organoleptique demande un raisin de qualité et un travail de vinification rigoureux. Depuis quelques années nous participons avec l’IFV (Institut français de la vigne), l’ISVV (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin) au projet de recherche européen WILDWINE et RESPECT. Ces protocoles d’expérimentations visent à la compréhension des mécanismes microbiologiques pour l’amélioration des pratiques de production des vins sans sulfites.
Pour face au changement climatique et pour limiter les apports de tout intrant ou produit « natif », nous envisageons d’appuyer notre production sur de nouvelles recherches. Ainsi, nous étudions la mise en place de nouveaux cépages résistants aux maladies cryptogamiques. Si notre interprofession ne se remet pas en question sur ce sujet nous produirons certainement des vins hors critères AOP (Appellation d’Origine Protégée) mais nous proposerons des vins de qualité plus adaptés au climat et à la production biologique.